A propos de Enquête sur les modes d’existence de Bruno Latour

(M’installant à mon bureau, et alors que je double-clique sur mon word surgit de derrière mon écran un de ces êtres de fiction dont Bruno Latour étudie précisément le mode d’existence)

 

Lui — Benêt, que prétends-tu faire ?

Moi — Ayant lu les quelques cinq cents pages du dernier livre de Bruno Latour (2012), en écrire le compte rendu.

Lui — Ce n’est pas un livre, seulement ce qu’un de ces gestionnaires de la recherche que tu affectionnes particulièrement appellerait le premier délivrable d’un vaste projet. Comptes-tu aussi rendre compte du projet ?

Moi — J’ai consulté le site web, c’est un peu compliqué…

Lui — Compliqué ? Tu divagues, le projet en lui-même est démesuré, fou.

Moi — Il ne faut rien exagérer.

Lui — Mais je n’exagère pas : rien moins que de montrer que les Modernes, depuis le XVIème siècle, mais tant qu’à faire depuis Socrate, allons-y, n’ont rien compris de ce qu’ils ont réussi à mener à bien. Décrire l’abîme entre notre expérience, et ce que nous en disons. Tout serait faux, et personne ne s’en serait aperçu avant que n’arrive Bruno Latour, tel Saint Georges terrassant le dragon de la modernité. Laisse tomber.

Moi — L’idée qu’il y aurait des modes d’existence différents, ayant leur fonctionnement propre, ce que Husserl appelait des ontologies régionales, et que l’on pourrait se tromper en raisonnant sur un mode à partir d’un autre, n’est pourtant pas inintéressante…

Auteur: Hervé Dumez

Une anthropologie des modernes