Corneille pratique à peu près exclusivement l’alexandrin durant toute sa vie, tant dans ses comédies (trop peu connues) que dans ses tragédies ou tragicomédies. Ceci expliquant sans doute cela, même Cassirer, analyste particulièrement pénétrant de son œuvre, le trouve froid : « Chez Corneille, tout est dans une lumière froide et claire et tout dans cette lumière produit un effet glacial. » On ne peut donc s’empêcher de penser que la forme et le fond, l’alexandrin et les affres d’un pouvoir pompeux et d’une morale dépassée, sont liés. La manière qu’a Corneille de manier l’alexandrin, très particulière, faite de balancements et de répétitions, semble n’avoir pu produire que du hiératique. La forme serait puissante, mais contraignante, et ses effets rigidifiants. L’alexandrin chez Corneille peut être beau, mais il reste d’une certaine froideur, même quand il se veut brûlant

Auteur: Hervé Dumez

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