À propos de Too much to know de Ann M. Blair

Avec les médias modernes, et particulièrement depuis le développement d’Internet, nous pensons être entrés dans la société de l’information, ce qui signifie que nous sommes submergés par l’information, que nous ne parvenons plus à maîtriser l’excès d’information. Le phénomène est-il si récent ? Il se rencontre déjà dans l’Antiquité. Le premier aphorisme d’Hippocrate est connu sous sa forme latine donnée par Sénèque : « Ars longa, vita brevis ». L’art prend du temps, et la vie est brève. Il exprime déjà cette tension entre toute l’information qu’il faudrait synthétiser pour maîtriser la connaissance et la contraction du temps qui ne le permet pas, c’est-à-dire l’impression d’un trop-plein d’information. Sénèque d’ailleurs va plus loin dans une phrase qui sera souvent reprise : « Distringit librorum multitudo » (La multitude des livres distrait l’esprit). Et le précepteur de Néron de conseiller de n’avoir dans sa bibliothèque que quelques livres essentiels, et de les relire sans cesse sans se laisser distraire par ceux qui paraissent en trop grand nombre. Mais c’est sans doute à la Renaissance, avec l’imprimerie, que ce sentiment d’un submergement par l’information s’empare des esprits. Sanchez, dans son livre au titre explicite, Quod nihil scitur (Du fait que l’on ne sait rien), explique en 1581 que dix millions d’années ne suffiraient pas pour lire les ouvrages disponibles à l’époque. Cette situation conduit à la mise au point de techniques de management de l’information. Ann M. Blair (2010), historienne, se concentre donc sur cette période.

Auteur: hervé Dumez

Télécharger cet article