Le principe de « caméra subjective » est une technique cinématographique qui consiste à utiliser la caméra de manière à ce qu’elle se substitue aux yeux d’un protagoniste, donnant de ce fait l’impression au spectateur qu’il accède ou s’approche de manière beaucoup plus intime de la perspective singulière de ce protagoniste. Pour les cinéastes, il y a « caméra subjective » : […] lorsque l’image enregistrée sur la pellicule ou le support numérique instaure un code esthétique qui se rapproche de ce qui impressionne la rétine d’un personnage de fiction (Tité, 2011, p. 8). Dans le cadre d’une recherche ayant donné lieu à une thèse (Mandel, 2015), j’ai transposé ce principe et ainsi proposé au lecteur un récit cherchant à restituer la façon dont les acteurs du terrain donnent du sens à leurs interactions et retiennent ce qui est signifiant pour eux. Cette technique narrative entend donner accès aux perspectives singulières des acteurs, à la manière de l’approche cinématographique, sur les plans « physique, psychologique et sensitif » (Tité, 2011, p. 8). Un récit « en caméra subjective » s’efforce de restituer au plus près ce dont les acteurs se souviennent, la façon dont ils interprètent les événements et dont ils leur donnent du sens. Il n’a pas pour objectif de reconstruire une réalité objectivée, mais bien d’appréhender la part et la forme de l’expérience des acteurs qui leur reste en mémoire. Le présent article approfondit les raisons qui ont conduit à choisir l’outil de la « caméra subjective », la manière dont il a été conçu pendant la thèse, comment il a été utilisé dans le design de recherche, ainsi que ses apports et limites. L’article propose des pistes d’utilisation de cet outil analytique dans d’autres contextes de recherche

Auteur: Éléonore Mandel

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