Je m’intéresse à une question très classique de la sociologie économique, la manière
dont l’action économique vient aux individus et comment elle est fabriquée
socialement. Plus précisément, j’ai d’abord travaillé sur les « professionnels du
marché », selon l’expression que nous avons utilisée avec Franck Cochoy, qui vont
« travailler » le marché avec un certain nombre de dispositifs, dispositifs étudiés au
travers du lien avec les pratiques de choix. Il se trouve que j’ai beaucoup travaillé
sur les marchés de l’alimentation. Or, sur ces marchés, on constate une présence forte
des acteurs critiques (le monde associatif, les ONG), j’ai alors travaillé sur le rôle des
mouvements sociaux sur les marchés, d’où la notion de consommation engagée. L’on
m’a souvent posé la question « qui sont les consommateurs engagés ? », question
à laquelle il est difficile de répondre car la réponse dépend de la définition initiale.
Mais mon intérêt portait sur la manière dont on engage le consommateur. J’avais
l’entreprise, le monde associatif, il me manquait l’État. Je me suis donc tournée
vers les politiques publiques (j’ai à l’origine une formation en science politique). Or,
dans ce champ, un courant s’est développé autour du poids des instruments d’action
publique. Pourtant, le dialogue entre la littérature sur les dispositifs marchands
et celle sur les instruments d’action publique ne se faisait pas. C’était un paradoxe
puisque certaines politiques publiques reposent sur des instruments marchands.

Intervention de Sophie Dubuisson-Quellier

Notes prises par: Elodie Gigout et Julie Mayer

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