À propos de The utopia of rules de David Graeber

David Graeber est connu en particulier pour une dénonciation retentissante des bullshit jobs (http://strikemag.org/bullshit-jobs/) et pour un gros ouvrage sur la finance (Graeber, 2011). Anthropologue, anarchiste, activiste : le personnage ne manque pas de couleurs. Dans ce recueil d’essais (Greaber, 2015, traduit en français en 2016), il aborde la bureaucratie selon ce triple point de vue : pour lui la bureaucratie est avant tout un système politico-économique, et non une forme spécifique d’organisation. Pour qui connaît le champ des organization studies, c’est parfois frustrant et approximatif : la théorie de l’organisation qui sous-tend le propos de Graeber est bien peu élaborée. Il n’y a donc pas que les économistes libéraux qui ignorent la recherche sur les organisations. Manifestement, les anthropologues anti-libéraux ne le connaissent pas mieux. On peut donc sourire des démonstrations de Graeber expliquant que les sciences sociales ne s’intéressent pas à la bureaucratie(pp. 3-4 ; pp. 51-56), alors qu’il y a prolifération des organization studies, champ dans lequel les anthropologues et les chercheurs critiques occupent des places de choix.Mais en même temps, c’est là tout l’intérêt de sa réflexion : connecter l’organisationnel à un espace plus vaste.

Auteur: Hervé Laroche

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