Son père le détestait, sans qu’il ait jamais su pourquoi. Pour peu quel’homme fût énervé, l’enfant recevait des coups de canne en public,quelle qu’eût été la cause de cette irritation. Un jour qu’adolescent il faisait mille folies pour amuser les dames de la cour, l’impératrice Marie-Thérèse, passant derrière lui, lui glissa à l’oreille : « Le voilà ! ». La terreur panique qui le paralysa à ces seuls mots fit cruellement rire tout Schönbrunn. Pour ses prouesses militaires et son air de grand seigneur à la cour, pour les embellissements qu’il fit au château et au parc de Belœil, les transformant en l’une des plus belles propriétés d’Europe, il respectait pourtant ce tyran. Un geste d’affection aurait suffi selon lui pour qu’il l’aimât avec tendresse. Mais à cette époque, note-t-il, la mode n’était pas à être bon père et bon mari.

Auteur: Hervé Dumez

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