On ne peut entrer dans l’oeuvre de Peirce sans un fil conducteur, et la logique est celui qui me convient le mieux. Il n’est certainement par possible de « lire Peirce ». D’abord, la quantité : ses écrits représenteraient approximativement cent quatre volumes de 500 pages chacun… Ensuite, le caractère inachevé, répétitif mais toujours renouvelé, « non clos », quasi-infini, de son oeuvre. Il préférait très souvent écrire un nouveau texte plutôt que reprendre un texte existant. Il n’a jamais publié de livre « de synthèse », ne supportant apparemment pas de voir sa pensée figée dans un état bien déterminé. Un spécialiste français a relevé 76 définitions du signe dans ses écrits.

Je commencerai donc par parler de Eco, plus abordable. Non que l’homme soit plus facile à cerner, mais son oeuvre est plus ordonnée, et surtout je me limiterai à un domaine bien défini, celui développé dans Lector in fabula, dont le sous-titre dit l’essentiel : « le rôle du lecteur ou la coopération interprétative dans les textes narratifs ». Sous l’angle qui nous intéresse, l’idée principale est qu’un texte, pour être lu effectivement, activement, productivement – Eco emploie toujours le terme « actualisé » – demande au lecteur un apport personnel important, qu’il est devenu habituel d’appeler le « travail du lecteur ».

Auteur: Denis Bayart

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