Les recherches qualitatives se veulent souvent exploratoires : elles entendent inventer des concepts, proposer de nouvelles notions et théories. Dans le même temps, pour interpréter les données, elles manient des concepts existants. Mais bien souvent, les notions utilisées ou proposées apparaissent floues, mal définies, n‟éclairant rien parce qu‟éclairant trop de choses. La question surgit donc : qu‟est-ce qu‟un concept ? En quoi les ressources, la cognition distribuée, les capacités dynamiques, les two-sided markets, la co-innovation, les acteurs-tiers, l’apprentissage organisationnel, les coûts de transaction peuvent-ils être appelés concepts ? La question est concrète : les notions que nous manions dans une recherche sont-elles susceptibles d‟expliquer les phénomènes que cette recherche se propose d‟expliquer, ou en quoi ne sont-elles que des étiquettes mises sur les phénomènes et ne constituent-elles que des pseudo-explications ? Le texte qui suit vise à rester à ce niveau concret, en évitant les débats épistémologiques abstraits sur la nature de l‟explication scientifique. Il entend donner au chercheur, apprenti ou confirmé, des éléments de réflexion sur sa pratique et l‟aider à mener un travail critique et positif sur sa démarche. Une première approche du concept à partir d‟une représentation simple sera présentée. Puis un approfondissement de la démarche à partir de huit critères proposés par Gerring. Dans une troisième partie, en s‟inspirant de Wittgenstein, on se demandera s‟il n‟est pas possible de penser sans concept ou en dehors des concepts.

Auteur: Hervé Dumez

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