Il existe deux conceptions des problèmes épistémologiques. L’une renvoie à la grande théorie, façon gnoséologie, et remonte au problème du fondement de la connaissance en amont des choix méthodologiques. Elle énonce qu’il faut choisir, au début de la recherche, la philosophie de la connaissance dans laquelle la démarche va se faire. Marie-José Avenier et Catherine Thomas se réclament de cette approche. L’autre considère que les interrogations épistémologiques sont des questions concrètes qu’il faut affronter, tout au long de la recherche, de ses commencements à son aboutissement, sur un mode réflexif. Réflexif étant pris ici comme le recul par rapport à ce qui est conduit en pratique, et non sur le mode d’une méta-théorie choisie une fois pour toutes. Pour reprendre la belle métaphore de Wittgenstein, les problèmes épistémologiques ne sont pas de ceux que l’on se pose avant de commencer une recherche, ce sont des questions que l’on rencontre en se cognant contre elles et en se faisant des bosses.

Auteur: Hervé Dumez

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