Il peut paraître étonnant pour un chercheur en management de s’intéresser à la langue, à la philosophie du langage, et à la construction du savoir. Wittgenstein, et d’autres philosophes de la langue ont contribué de façon majeure à la compréhension de la manière dont la langue façonne notre vision et notre compréhension du monde (Weltanschauung). Cette contribution essaie de montrer à quel point le domaine du management et ses différents fonctions se sont fortement appuyés sur une vue instrumentale de la langue en construisant leurs savoirs de base. La domination massive des Anglo-saxons dans le management et la vie des affaires a facilité la représentation, en partie trompeuse, que le savoir en management est universel, qu’il s’applique à toutes les nations et cultures, et que la langue est un instrument neutre qui « véhicule » les concepts de management d’un pays ou d’une culture à l’autre. Le cas de la recherche interculturelle en management (que nous appelons aussi « management comparé » et que la littérature anglo-saxonne appelle « cross-cultural management ») sert de base pour expliquer comment une vision neutre/instrumentale de la langue ne permet pas de comprendre des différences conceptuelles clés.

Auteur: Jean-Claude Usunier

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