Certains discours ont la vie dure. D’une part de nombreux chercheurs déplorent un manque d’audace et de nouveauté dans les recherches académiques, d’autre part persiste le mythe du chercheur solitaire arrivant par ses seules forces à produire une connaissance scientifique digne du prix Nobel. Or est-on vraiment certain que les grandes découvertes sont le fruit d’un unique cerveau ? En tout cas, les méthodes pour trouver LA bonne idée sont formelles : ça va mieux avec du collectif ! Et c’est la conclusion de Dumez (2009), à savoir organiser des ateliers en groupe pour pratiquer des exercices d’heuristiques et ainsi stimuler de nouvelles idées. Tout paraît tendre vers une plus grande prise en compte du collectif dans la gestion des chercheurs et de la recherche. C’était sans compter sur le tour de force du néolibéralisme. En effet, l’une des prouesses de cette doctrine a été d’opérationnaliser le concept de liberté dans la figure de l’individu entrepreneur de lui-même, dont le succès repose uniquement sur la capacité de l’individu à se vendre et à vendre ses compétences sur le marché mondialisé du travail.

Auteur: Marie-Rachel Jacob

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