Durant l’hiver 1979-1980, avec un groupe d’amis de formations et d’horizons divers, Jacques Girin a réfléchi sur le langage. Le dimanche matin, le groupe se réunissait, les enfants jouant ensemble et les adultes travaillant sur des textes profanes (Plume de Michaux, Maupassant) ou religieux (l’Évangile de Jean). À l’été 1980, le groupe s’est retrouvé à Conques où certains membres jouaient le rôle de guides bénévoles1. Ce village de l’Aveyron est connu pour son Église abbatiale. Un monastère y fut tout d’abord fondé sous Charlemagne par l’abbé Dadon. Les reliques de Sainte Foy d’Agen y furent ensuite transférées par un moine voleur. Construite au XIe siècle, l’église est un chef d’œuvre de l’art roman et constitue une étape importante sur le chemin de Compostelle allant du Puy à Moissac2. Une voussure profonde, constituant une sorte de narthex, abrite en façade l’un des ensembles les plus beaux et les plus originaux de la sculpture romane. Face à ce tympan qui représente le jugement dernier3 à partir de l’Évangile de Mathieu, et confronté aux explications érudites données par les guides, Jacques Girin a relié l’expérience du regard sur cette œuvre à la question du langage.

Auteur: Hervé Dumez

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