La recherche quantitative dans les sciences sociales se pose des questions méthodologiques, et peu de questions épistémologiques : son épistémologie est alignée peu ou prou sur celle des sciences de la nature et simplement adaptée à un contexte différent. La recherche qualitative doit au contraire justifier sa différence et démontrer qu‟elle peut produire de la connaissance. On ne demande pas à un chercheur qui utilise des techniques économétriques pour faire de l‟analyse financière de préciser sa « posture épistémologique ». Un chercheur qui pratique l‟étude de cas s‟y sent contraint. D’où les tentatives pour expliciter les fondements épistémologiques de la recherche qualitative. La chose est pourtant délicate, et rares sont les spécialistes des questions épistémologiques (l‟auteur de ce texte ne saurait lui-même se ranger dans la catégorie) maîtrisant les approches de Kuhn, Lakatos, Popper ou Quine (Bachelard et Canguilhem, sans doute parce que français, ayant disparu de la liste…), plus l‟histoire et la philosophie des sciences. Dans les sciences de gestion, on considère souvent que deux ou trois paradigmes épistémologiques s‟opposent, entre lesquels il faut choisir : le positivisme d‟une part, le constructivisme et l’interprétativisme de l‟autre, l’interprétativisme étant souvent présenté comme une variante du constructivisme (Perret & Seville, 1999). Les trois paradigmes sont généralement présentés avec des tableaux de différences concernant l‟ontologie, les méthodologies, les critères de validité, etc.

Auteur: Hervé Dumez

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