Imaginons… Un beau jour, je débarque chez vous avec un cochon et je vous dis « ce cochon peut parler ». Vous seriez certainement dubitatif : « ah oui ? Alors qu’il parle ! ». Et là, imaginez, je remue les mains, le cochon regarde, et il se met à parler. « Ah, c’est un beau cas, soumettons-le à une revue scientifique ! » diriez-vous, enthousiaste. Quelle position adopteraient des rapporteurs ? L’alternative est simple : « Ce n’est qu’un cochon. Il faut avoir un échantillon plus large, et là, ce sera représentatif » ou « c’est une observation très intéressante. Mais il manque une contribution théorique ». « Ah mais, ah mais… », vous exclameriez-vous, « …ce cochon PARLE ! C’est tout de même extraordinaire. C’est une contribution empirique, un cochon qui parle ».

Certes, les neurologues ont une habitude des cas particuliers : des pathologies bien définies – on peut supposer que ce cochon est un cas pathologique – peuvent nous apprendre beaucoup. Les petits échantillons, et même les cas uniques, sont alors facilement justifiables. En gestion, les cas n’ont pas ce statut de « pathologie ». Il faut alors réfléchir à quel statut on doit donner à un cas de gestion.

C’est avec cette petite histoire et ces interrogations lancées par Nicolaj Siggelkow de la Wharton School que s’est ouverte, pour moi, l’Academy of Management 2006 à Atlanta. Avec 6737 participants venant de 71 pays, plus de 3000 papiers présentés et plus de 300 symposium, le centre d’Atlanta était devenu, le temps de quelques jours, comme une cour de récréation pour chercheurs en management qui, la plupart du temps, discutaient « knowledge, action and the public concern » (thème de la conférence) dans les trois hôtels réservés pour l’occasion. Avec trois jours de « workshops » et trois jours de « paper session », chacun avait le temps de naviguer entre les thèmes et trouver ce qui lui convenait. Mais revenons à notre cochon. Ou plutôt, laissons-là le cochon pour parler de poisson.

Auteur: Corentin Curchod

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